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Les adieux au Minitel
A quelques mois de la disparition du Minitel, programmée pour juin 2012 après un ultime sursis, les derniers utilisateurs du petit terminal plastique, agriculteurs, clients de banques ou amateurs de minitel rose, se préparent avec plus ou moins de regret à la reconversion.
Un des derniers 800.000 Minitels encore en circulation trône dans le bureau de Franck et Christelle Labarre, un couple de jeunes éleveurs de porcs qui vient de s'installer à Coadout (Côtes d'Armor), dans une zone blanche inaccessible au haut-débit.
"Ce qu'on va faire à la disparition du Minitel... on ne sait pas, regrette Christelle. Pourtant, on n'a pas le choix".
Aujourd'hui, l'appareil leur est indispensable pour les déclarations d'équarissage, les cours du marché du porcs et le classement de leurs animaux à l'abattoir.
Comme eux, en Bretagne, "2.200 éleveurs utilisent régulièrement le Minitel pour des applications liées à leur élevage", soit 10% de la profession, un chiffre en baisse chaque mois au profit des applications internet, explique Alain Bazire, de la chambre d'agriculture d'Ille-et-Vilaine.
Côté banque, au Crédit Agricole des Côtes d'Armor, un des départements français où la banque comptait le plus d'usagers "minitélistes", on explique avoir fermé le "3615" dédié en juin 2011 après avoir "pris par la main" les 900 derniers clients "minitélistes purs", dont beaucoup de retraités du monde agricole.
"On a ciblé tous les clients possédant un Minitel, on leur a envoyé un courrier leur proposant de participer à une formation internet", explique Christian Miran, un responsable régional."Il y a eu très peu de monde finalement: seules 36 personnes se sont déplacées", dit-t-il.
Parmi les derniers utilisateurs actifs, on trouve aussi des amateurs du célèbre "minitel rose": en septembre dernier, le service de rencontres "3615 CUM" a relevé plus de 600 heures de connexion Minitel, le "3615 ULLA", presque 500 heures, selon AGL, un des grands éditeurs historiques, également propriétaire du sérieux "3617 VERIF" dédié aux entreprises (400 heures de connexion internet le mois dernier).
Aujourd'hui les 200 codes Minitel conservés par AGL lui rapportent encore 500.000 euros par an - sur un chiffre d'affaires global de 8 millions d'euros.
"Comme beaucoup, on a pris le virage internet, sans ça on serait morts depuis déjà longtemps", explique Laurent Barbeau, directeur général adjoint mais "le marché est plus dur, c'est plus difficile de gagner un euro sur internet qu'un euro sur le Minitel" où le paiement se fait à la connexion.
La bascule des clients vers les sites équivalents internet (ulla.com, cum.com, etc...) se fait naturellement mais "les derniers accros au Minitel sont franchement réticents à passer à internet, forcément on va perdre des habitués", considère-t-il. Sur internet pourtant tout a été fait pour garder l'esprit "soft, libertin" du minitel rose: "on n'ira pas mettre des photos hard pour gagner trois euros de plus", assure le responsable.
Le Minitel reste cependant un "lointain souvenir" pour les générations plus jeunes, marqué par des épisodes comme "ma grand-mère s'en servait pour chercher les horaires de train".
Ainsi s'en souvient-on à Rennes à l'occasion d'une exposition et d'un débat organisés en octobre pour marquer les trente ans des premiers tests à grande échelle du terminal en 1981 en Ille-et-Vilaine en 1981, où le célèbre Minitel est né.
"Pour moi ça fait longtemps que c'est arrêté", témoigne aussi Bernard Marti, l'un des pères du Minitel, né au Centre Commun d'Études de Télévision et Télécommunications (CCETT), qui depuis les débuts de l'internet en 1980 était déjà sur ce qui allait devenir le web, mais qui regrette parfois la "simplicité" de certains services Minitel.
"Aujourd'hui par exemple réserver un billet SNCF sur internet c'est un cauchemar... A vouloir faire trop clinquant on finit par être contreproductif, il faut faire attention aux véritables besoins de l'usager", a-t-il estimé.
AFP
Un des derniers 800.000 Minitels encore en circulation trône dans le bureau de Franck et Christelle Labarre, un couple de jeunes éleveurs de porcs qui vient de s'installer à Coadout (Côtes d'Armor), dans une zone blanche inaccessible au haut-débit.
"Ce qu'on va faire à la disparition du Minitel... on ne sait pas, regrette Christelle. Pourtant, on n'a pas le choix".
Aujourd'hui, l'appareil leur est indispensable pour les déclarations d'équarissage, les cours du marché du porcs et le classement de leurs animaux à l'abattoir.
Comme eux, en Bretagne, "2.200 éleveurs utilisent régulièrement le Minitel pour des applications liées à leur élevage", soit 10% de la profession, un chiffre en baisse chaque mois au profit des applications internet, explique Alain Bazire, de la chambre d'agriculture d'Ille-et-Vilaine.
Côté banque, au Crédit Agricole des Côtes d'Armor, un des départements français où la banque comptait le plus d'usagers "minitélistes", on explique avoir fermé le "3615" dédié en juin 2011 après avoir "pris par la main" les 900 derniers clients "minitélistes purs", dont beaucoup de retraités du monde agricole.
"On a ciblé tous les clients possédant un Minitel, on leur a envoyé un courrier leur proposant de participer à une formation internet", explique Christian Miran, un responsable régional."Il y a eu très peu de monde finalement: seules 36 personnes se sont déplacées", dit-t-il.
Parmi les derniers utilisateurs actifs, on trouve aussi des amateurs du célèbre "minitel rose": en septembre dernier, le service de rencontres "3615 CUM" a relevé plus de 600 heures de connexion Minitel, le "3615 ULLA", presque 500 heures, selon AGL, un des grands éditeurs historiques, également propriétaire du sérieux "3617 VERIF" dédié aux entreprises (400 heures de connexion internet le mois dernier).
Aujourd'hui les 200 codes Minitel conservés par AGL lui rapportent encore 500.000 euros par an - sur un chiffre d'affaires global de 8 millions d'euros.
"Comme beaucoup, on a pris le virage internet, sans ça on serait morts depuis déjà longtemps", explique Laurent Barbeau, directeur général adjoint mais "le marché est plus dur, c'est plus difficile de gagner un euro sur internet qu'un euro sur le Minitel" où le paiement se fait à la connexion.
La bascule des clients vers les sites équivalents internet (ulla.com, cum.com, etc...) se fait naturellement mais "les derniers accros au Minitel sont franchement réticents à passer à internet, forcément on va perdre des habitués", considère-t-il. Sur internet pourtant tout a été fait pour garder l'esprit "soft, libertin" du minitel rose: "on n'ira pas mettre des photos hard pour gagner trois euros de plus", assure le responsable.
Le Minitel reste cependant un "lointain souvenir" pour les générations plus jeunes, marqué par des épisodes comme "ma grand-mère s'en servait pour chercher les horaires de train".
Ainsi s'en souvient-on à Rennes à l'occasion d'une exposition et d'un débat organisés en octobre pour marquer les trente ans des premiers tests à grande échelle du terminal en 1981 en Ille-et-Vilaine en 1981, où le célèbre Minitel est né.
"Pour moi ça fait longtemps que c'est arrêté", témoigne aussi Bernard Marti, l'un des pères du Minitel, né au Centre Commun d'Études de Télévision et Télécommunications (CCETT), qui depuis les débuts de l'internet en 1980 était déjà sur ce qui allait devenir le web, mais qui regrette parfois la "simplicité" de certains services Minitel.
"Aujourd'hui par exemple réserver un billet SNCF sur internet c'est un cauchemar... A vouloir faire trop clinquant on finit par être contreproductif, il faut faire attention aux véritables besoins de l'usager", a-t-il estimé.
AFP
Publié le samedi 22 octobre 2011 à 10h41